De formation scientifique, il débute une carrière d’enseignant en physique chimie dans l’éducation Nationale.
Persuadé que sa vocation est ailleurs, il met fin à cette activité début des années 2000 pour débuter un parcours de sculpteur.
Originaire d’un village de montagne, il avoue une très forte passion pour les animaux sauvages, la forêt, la nature et ses reliefs caractéristiques à l’image de rochers de Bavella semblant rejoindre le ciel. En Corse, les essences locales présentes dans la forêt sont essentiellement le châtaignier, l’Olivier, le noyer et les souches de bruyère.
Au coeur d’un milieu exceptionnel, Stéphane se lance dans une recherche permanente et obsessionnelle qui le plonge dans ses travaux. L’observation en particulier sur les formes préexistantes des racines est décisive et incontournable.
En botanique la racine est la partie souterraine d’un végétal qui lui permet de puiser dans le sol les éléments nécessaires à sa nutrition (eau, sels minéraux) et d’assurer sa fixation à son support. La racine du latin radīcīna, diminutif du latin radix signifie base, source ou fondement.
Ce sont des visions de structures tridimensionnelles qu’il a d’abord étudié lors de ses études de physique et que la sculpture lui permet de faire émerger du fond de son esprit.
Les lignes de force sont volontairement accentuées dans son travail pour faire ressortir et souligner l’impression recherchée et donner le maximum d’expression:
force, mouvement, lourdeur, pesanteur, légèreté, verticalité, horizontalité.
L’histoire débute par une souche extraite lors de l’ouverture d’un chemin forestier. Cette racine fut ensuite entreposée sous un chêne où elle séjourna pendant plus d’un an. Il lui arrivait de passer devant et d’y poser son regard. L’instant d’observation était bref et pouvait à première vue paraître futile. Il avait l’impression qu’une tête de taureau se dégageait de ce bloc. Il aurait pu en rester là, oublier et passer à autre chose, une simple curiosité qui avait attiré son attention.
Puis il décidait de franchir le pas et de ramener cette souche dans sa cave pour la travailler.
De manière spontanée en utilisant la technique de la taille directe il opérait des corrections à l’aide de sa tronçonneuse, de ses ciseaux et ses gouges.
La tête de Taureau venait d’apparaître. Il ne manquait plus qu’à lui rapporter une paire de cornes qu’il réalisait en noyer.
Il ne savait pas encore que cette cascade d’événements menant à la réalisation de cette sculpture allaient bouleverser le fil de sa vie et le conduire sur une nouvelle voie.
Asymétrie et Symétrie, naissance d’un paradoxe. Une racine par définition est asymétrique.
Dans la réalisation d’une sculpture il est fondamental que les symétries soient rigoureusement respectées au niveau des volumes. Cela constitue l’aspect technique du travail.
Le problème est posé : comment déceler une symétrie dans une racine qui par définition est complètement asymétrique?
A ce stade, était-il alors nécessaire de poursuivre le travail?
Un équilibre semblait être atteint par ces petites retouches qu’il peut qualifier avec un certain recul de modestes par rapport à ce que la terre lui avait offert.
La pièce semblait être aboutie suite à cet étrange face à face. Il venait de se créer un dialogue et un profond sentiment de respect.
Il était important à ce stade de ne pas aller trop loin, en effet malgré ces symétries crées, la racine devait conserver sa structure propre.
En poursuivant le travail et en franchissant certaines limites le risque était de défigurer une structure déjà existante avec ce qu’elle représente.
Ce qu’il vient d’évoquer est un premier aspect. S’il va plus loin dans l’analyse d’autres éléments essentiels viennent se greffer.
Il est important de noter pour étoffer son raisonnement qu’il est un sculpteur autodidacte. Il n’a été formé par aucune école et n’a donc reçu aucune influence artistique extérieure. Son travail est donc issu de son imagination.
Mais comment l’individu construit il son imaginaire?
S’il compare ce qu’il a crée avec le relief montagneux de sa région, il constate que la matière crée se rapproche de celle du relief géographique.
Cela est visible en particulier sur la photo d’une sculpture représentant un aigle prise devant les aiguilles de Bavella.
En effet la structure des ailes du rapace sont semblables à la configuration des rochers.
Il y a donc une retranscription inconsciente de l’espace environnant donnant un style propre à la pièce réalisée.
La montagne est rude, elle est soumise aux tempêtes, la verticalité des massifs plongeant dans la mer donne une impression de dureté et d’austérité.
Cela est également retranscrit dans le travail où les animaux sauvages prédominent.
Les notions de liberté et d’immensité sont également des valeurs fortes transmises par cette terre.
La tête de taureau en l’occurrence réalisée l’année 2000 dans une racine fut par sa force et son équilibre une pièce majeure.
Cette œuvre réalisée de manière spontanée et presque accidentelle marquera ses futures inspirations.
Des bronzes à la cire perdue sont réalisés en fonderie à partir des pièces maîtresses dans des séries limitées à 8 exemplaires.
Les dessins et lithographies occupent également une place importante dans ses travaux.
Les ouvrages littéraires qui l’ont marqué :
« le Mythe de Sysiphe » d’Albert Camus , « Antoine » de Saint Exupéry et Michel Leiris avec « Miroir de la Tauromachie ».